Le parapente pour voyager
Le 23.11.23Martin Müller est un parapentiste genevois et bijoutier de métier. Trois fois champion Suisse, lorsque Martin raconte ses aventures captivantes, il les revit une seconde fois et en fait profiter son public. Il a également participé à plusieurs reprises à la mythique X-Alps, course dont le but est de relier l’Autriche à la Côte d’Azur…. à pied et en parapente !!!
Donc, ce jeudi 23 novembre, nous accueillons Monsieur Martin Müller à l’Ecole d’Horlogerie au Petit-Lancy.
Sa passion est le parapente de distance, une discipline de compétition qu’il nous fait découvrir ce soir.
Nous découvrons que le matériel a beaucoup évolué ces dernières années et que les ailes ont désormais une finesse de 10, soit 1 mètre de perte d’altitude pour 10 mètres parcourus horizontalement. Cela permet de parcourir des distances comme « Le Salève-Fribourg-Le Tessin » à une vitesse approximative de 50 [km/h]. Pour y parvenir, Martin recherche les courants thermiques lui permettant de reprendre de l’altitude et de poursuivre son périple. Les cumulus sur les crêtes des montagnes sont de bons indicateurs car ces nuages se forment lorsque de l’air chaud et humide s’élève et condense lorsque le point de rosée est atteint (air froid). Les oiseaux sont également de bons indicateurs de courants thermiques.
A l’intérieur d’une colonne thermique, le variomètre lui indique si son parapente monte ou descend. Une vitesse ascensionnelle de 1 [m/s] est considérée comme lente, 5 [m/s] rapide, alors que 10 [m/s] est un maximum. Autour de la colonne thermique des vents latéraux viennent alimenter le courant ascendant et il faut donc rester au milieu de la colonne. Une autre manière de reprendre de l’altitude est d’utiliser un vent dynamique, c’est-à-dire un vent horizontal qui remonte pour franchir un obstacle comme une chaîne de montagnes. Lorsque les conditions sont optimales, soit environ 10 jours annuellement, il est possible d’atteindre 4'000 mètres, voire 4'500 mètres d’altitude. Au-dessus du Salève, il faut cependant respecter la TMA (Terminal Manoeuvring Area), c’est-à-dire la zone de contrôle aérien autour de l’aéroport dans laquelle l’altitude maximale autorisée est de 1'700 mètres.
Avant le départ, il vérifie sur la carte quelles sont les zones autorisées et quel est le plafond permi en fonction des avions, de l’armée de l’air, etc. Pour réussir un vol de 250 [km], il suit le relief et choisit le bon côté en fonction de la position du soleil. D’où l’importance de bien préparer son plan de vol et de se renseigner sur les conditions météorologiques.
La préparation du matériel est tout aussi importante. Il doit penser à son alimentation, sa boisson et un kit urinaire « Penilex » pour se soulager en vol. Il lui faut aussi une sellette dans laquelle il se glisse, soit une sorte de sac de couchage profilé pour fendre l’air et me fait penser à un canoé, un casque et un parachute de secours. Ensuite, il y a deux instruments de navigation pour le cas où l’un des deux serait défaillant. Dans le cas de Martin, il s’agit d’un appareil de la marque « Syride » avec les fonctions GPS, alti-vario, G-mètre et aide à la navigation. Martin utilise une voile de la marque « Ozone » avec peu de suspentes comme sur la majorité des ailes modernes. Martin nous précise que son équipement complet pèse près de 18 [kg] et qu’il existe du matériel ultraléger ne pesant que 9 [kg], mais dans ce cas sa durée de vie se limite à une année.
Le poids est un paramètre important pour une compétition comme la X-Alps. Il s’agit d’une course combinée de vol en parapente et de marche sur un tracé d’environ 1’200 [km] qui se déroule tous les deux ans. Cette compétition requiert un effort physique important sur 7 à 10 jours, avec 40 [km] de marche par jour. Au départ de l’Autriche, Martin est arrivé premier sur la Côte d’Azur lors d’une édition, mais il a été classé troisième en raison d’une pénalité de 36 heures après avoir été légèrement déporté par le vent dans une zone interdite.
Ce qui m'a marqué le plus dans la personnalité de Martin, c'est son calme et sa modestie. Si notre président n'avait pas insisté pour qu'il nous parle de son exploit à la compétition X-Alps’ nous n'en aurions rien su. Cette conférence passionnante, suivie de nombreuses questions de nos membres, s'est terminée par les remerciements de notre Président et la remise d'un stylo Caran d'Ache à Martin pour clore cette belle soirée.
Texte de Christophe Lyner
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