Visite de Motosacoche vélo

L’entreprise est jeune, la marque est plus que centenaire.

Visite de la nouvelle manufacture Motosacoche

Visiblement passionné par la glorieuse histoire de ces pionniers de l'aviation et de la conception de moteurs à explosion qu'étaient les frères Dufaux, Paul Merz nous rappelle à quel point la fiabilité et les performances exceptionnelles des premières motos Motosacoche avait fait exploser leurs ventes dans toute l'Europe au point qu'en 1920 l'usine des Acacias employait 1200 personnes. Avant tous les autres, les frères Dufaux avaient déjà réalisés des bancs d'essais de leurs moteurs afin de les fiabiliser au maximum. A partir de 1901, Motosacoche organise et participe à de nombreuses compétitions qui lui apportent un succès mondial avec 42 records mondiaux et des premières places en grand nombre. Par ailleurs, les moteurs MAG (Motosacoche Acacias Genève) sont également vendus sur des motos concurrentes et la fabrication de moteurs survivra quelques années à l'arrêt de la production des motos en 1956. En effet, Motosacoche produit par exemple des génératrices électriques pour l'armée jusque dans les années 1980, puis la fabrication s'oriente vers la fabrication de machines à souffler des bouteilles en PET avec la reprise par Jean-Gallay.

Lors de cette visite, nous avons pu découvrir et acheter le superbe livre de 285 pages rédigé par Sandra Ansanay qui y a regroupé de nombreuses photos, témoignages d'anciens employés et autres détails très fouillés de l'histoire de Motosacoche (ISBN: 978-2-9575285-0-9) avec une aimable dédicace de Paul Merz.

La nouvelle Motosacoche

Etant donné que la marque Motosacoche n'existait plus, Paul Merz en reprend les droits et décide la relancer avec un moteur électrique au lieu d'un moteur à explosion voué à disparaître en raison de réglementations toujours plus contraignantes. En effet, comme les frères Dufaux, il souhaite être en avance sur son temps et briller par la qualité et la fiabilité exceptionnelle de ce qui sera un vélo électrique très haut de gamme. D'ailleurs, cette idée lui vient en découvrant un exemplaire de la fameuse moto genevoise dans un musée français.

Son projet représente un investissement dépassant le million de CHF, financé par  des "Business Angels" et les précommandes de vélos à 14'640 CHF. Voilà 10 ans qu'il travaille sur ce projet et le premier prototype est exposé devant nous, avec tous les raffinements techniques que nous allons découvrir.

Tout d'abord, un clin d'oeil aux motos anciennes de la marque avec cette énorme poulie sur la roue arrière qui est entraînée par un puissant moteur électrique de 1000 Watts par l'intermédiaire d'une courroie à chevrons du côté gauche du vélo. Le rapport de transmission élevé grâce à cette grande poulie, soit 1:10, permet de propulser ce vélo à 45 [km/h] sans réducteur délicat dans le moteur électrique.

Du côté opposé de la roue arrière, une seconde poulie reçoit directement l'énergie du cycliste par une autre courroie crantée.

Le superbe moteur "Outrunner" brushless MAG logé dans le cadre au-dessus du pédalier est conçu et produit en interne. Pensé pour fournir un couple élevé avec un poids réduit, il est constitué d'un stator fixe au centre, alors que les aimants sont sur la bague extérieure. Le tout est visible au travers d'un cache transparent orné du logo "MAG"; c'est superbe.

La batterie d'une capacité hors norme de 1200 [Wh], 36 volts, confère à ce vélo une autonomie d'environ 120 [km] pour une utilisation plutôt urbaine, raison pour laquelle il n'est pas équipé de suspensions. Toutefois, la récupération d'énergie en descente et lors du freinage permet de recharger la batterie et de réduire l'usure des freins à disques. Conçue et produite en interne, la batterie est composée de cellules remplaçables ce qui permet de la réparer au lieu de la jeter lorsqu'une cellule est défectueuse. En plus d'un avantage économique au regard du coût de 3'000 CHF d'une batterie neuve, cette opération est très louable du point de vue écologique.

Une élégante boîte en fibre de carbone, intégrée au cadre juste au-dessus de la batterie et verrouillable à clef, offre un volume de rangement pratique, en plus des sacoches optionnelles prévues pour le rangement du casque obligatoire.

L'électronique, dont le contrôleur du moteur, le GPS, le module de télécommunication et l'affichage LCD protégé par une glace saphir sont prioritairement pensés et fabriqués en interne. D'ailleurs, sur les 240 composants que compte ce vélo d'exception, 100 sont fabriqués en interne et les autres comme les immenses pneus "Schwalbe" sont majoritairement de fabrication européenne.

Malgré son aspect très massif et costaud, le poids de ce vélo n'est que de 32 [kg] avec la batterie grâce à l'utilisation de composants haut de gamme et d'un cadre en tubes d'acier Chrome-Moly extrêmement légers et résistants.

Les motos exclusives de Antoine Meister

En fin de soirée, nous nous régalons d'un généreux apéritif organisé par Motosacoche. Plateaux de viandes séchées, jambon cru et tête de moine, pâtisseries et vins du terroir, le tout aimablement servis par une charmante demoiselle ont clos cette soirée passionnante.

Les motos tout à fait exclusives exposées dans la vitrine de Antoine Meister et l'atelier mécanique adjacent attirent fortement notre attention. Des motos anciennes, principalement des BMW R80 et R100, mais aussi des Honda et Moto Guzzi, sont révisées et transformées en motos de rêve par de véritables artisans. Ces motos et leurs créateurs vaudraient également la peine que nous revenions pour une seconde visite.

En voici quelques images pour le plaisir des yeux.

Texte de Christophe Lyner